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INDIVIDU

« Individu » est un happening dans l’espace public, couplé d’une installation.

Depuis 2015, Quentin Carnaille propose un travail qui interroge la place de l’individu au sein de la société. C’est ainsi qu’en septembre 2017, il a, dans le cadre des journées européennes du patrimoine, mis en place l’installation « Identité » qui consistait à recouvrir pendant trois semaines le visage des sculptures commémoratives de Lille de 14 cubes facettés de miroirs.

En transformant ces œuvres académiques et figuratives en sculptures contemporaines, il questionnait alors l’individu et son rapport à l’autre tout en proposant une animation culturelle urbaine destinée au grand public.

« Individu » est un projet ouvert à quiconque possède le désir de faire œuvre commune.

Prévu pour 25 personnes, cet happening entend questionner l’existence singulière dans un contexte collectif.

Habillés en blanc de la tête aux pieds, les 25 participants partiront de chez eux masqués par des cubes en miroir sans tain, leur permettant de voir sans être vus. Tous convergeront solennellement vers un lieu symbolique à définir où s’achèvera cette procession. Là, ils s’immobiliseront devant une colonne les symbolisant, au centre de laquelle chacun retrouvera un objet personnel (confié au préalable à Quentin Carnaille) qui lui est cher et qui porte la trace de son histoire.

Cet objet aura été choisi par le participant pour sa charge émotionnelle.

Le cube, symbole de l’esprit humain, matérialise l’incidence de cet événement sur le cours de sa vie, changeant ainsi sa trajectoire et le prisme de sa conscience.

La performance commence dans l’espace public où chaque individu marche seul, essayant de capter l’attention des passants, pour se rassembler finalement dans un lieu clos où un public l’attend. A ce moment-là, tous les hommes apparaîtront reliés par une humanité commune capable de transcender les inévitables clivages, divergences d’intérêts et conflits.

Cette nouvelle réalité conduit à chercher en priorité ce qui unit et rapproche, au détriment de ce qui éloigne et sépare.

C’est à travers «l’émotion» que peut susciter l’expression de chaque expérience personnelle que Quentin Carnaille fédère les individus afin de leur rappeler le caractère intrinsèque et indissoluble de leur unité.

Cette démarche est symbolisée par le participant faisant face à son objet, désormais figé dans la peinture noire, presque immortalisé. L’objet se démultiplie alors sur le concept du tableau « Infini », technique récurrente dans le travail de l’artiste, inspirée par l’esthétique minimaliste d’Ivan Navarro. Les colonnes prennent vie et s’animent au rythme d’une bande son qui relate aux visiteurs le lien entre le participant et l’objet.

Passionné de science-fiction, Quentin Carnaille nous emmène dans un monde parallèle où l’humain est cloné et se défend pour garder son identité et sa personnalité unique.

Cet happening invite le spectateur à réfléchir à ce qui le rend singulier dans un monde où la tendance est à l’uniformisation. Tout est orchestré et le participant doit suivre scrupuleusement un protocole, reflétant le phénomène pernicieux de la standardisation de l’homme. Cette marche presque militaire incarne un système, anesthésiant l’esprit critique et le libre arbitre.

Avec « Individu », ce n’est pas le comportement de l’artiste qui définit l’œuvre mais le public. Quentin Carnaille se positionne comme le chef d’orchestre et lui propose d’expérimenter l’art en lui laissant le soin d’incarner son installation.

Il reprend ainsi l’idée de Joseph Beuys pour qui «chaque homme est un artiste» qui peut utiliser l’art pour panser ses traumatismes. Mais contrairement à Joseph Beuys pour qui les œuvres d’art étaient un moyen d’édifier sa propre légende au travers de la symbolique, Quentin Carnaille laisse cette opportunité au public, exprimant ainsi le droit de chacun à revendiquer son originalité en lui accordant un moment de gloire.