IMMERSION
Cette installation est un pavillon cubique, l’œuvre utilise le cube pour interroger l’individu sur la dualité psychique et physique. Le pavillon est une mise en abyme du carré : il s’agit d’un cube en miroir sans tain inscrit dans un cube en miroir se composant lui-même de carrés miroités. Elle s’expérimente en deux temps.
Dans un premier temps, le visiteur pénètre au cœur de la sculpture, il est face à lui-même et voit son corps se multiplier à l’infini. Cette démarche n’est pas sans rappeler l’Infinity Mirrored Room de Yayoi Kusama mais ici l’univers est neutre et le corps du spectateur fait autorité en étant omniprésent. L’homme est alors confronté à la toute-puissance de son moi de manière presque dérangeante. Puis, progressivement, la lumière s’atténue dans le cube central en miroir sans tain et s’intensifie dans l’espace périphérique entre les deux cubes.
Dans un deuxième temps, une nouvelle dimension se crée qui exclut physiquement le sujet par effet d’optique, combinaison de la lumière, des miroirs et des miroirs sans tain. Il se retrouve alors plongé dans un espace infini l’amenant ainsi à se confronter à lui-même sous un nouvel angle, celui de l’esprit. Il peut ainsi y projeter sa singularité et les caractéristiques mentales qui lui sont propres.
« Immersion » déstabilise le visiteur en lui faisant perdre tous ses repères. Cette expérience questionne le spectateur sur les bouleversements de l’espace-temps, critique sous-jacente de la dématérialisation qui provoque un déplacement de référent et une modification de notre système de représentation. Les technologies de l’information et de la communication contribuent à modifier la perception que l’homme a de la réalité.
PHASE I
PHASE II
Cette nouvelle perception se répercute alors sur les rapports que l’être humain entretient avec les traditions commémoratives et les lieux qui leur sont consacrés. Les nouvelles technologies, en introduisant un sentiment de dématérialisation et de synchronie et en opérant un déplacement de la mémoire humaine vers la mémoire informatique, appellent une réaction compensatoire, exprimée par une multiplication des espaces commémoratifs dédiés à des événements du passé.
« Immersion » est donc aussi une réflexion sur l’influence qu’exerce l’architecture sur l’être humain. En effet, un bâtiment peut agir sur l’esprit, les sentiments et les comportements. Il est du devoir de l’architecture de concevoir des espaces de vie qui favorisent la créativité, l’attention ou encore la relaxation et la convivialité.
« Immersion », par sa forme cubique et ses proportions, offre une double interprétation. Elle peut être à la fois critique des logements sociaux et autres barres d’immeubles datant des années 70, qu’éloge des formes minimalistes.
En effet, pour observer l’intégralité d’ « Immersion » il est nécessaire de tourner autour avant de pénétrer la structure, établissant ainsi un rapport entre nous, l’œuvre et l’espace tout entier ; ce qui n’est pas sans rappeler les polyèdres de Tony Smith qui, de manière analogue, tendent à retrouver un processus de création organique.
En créant un pavillon parfaitement symétrique dont les dimensions s’inspirent des propriétés géométriques de l’univers, respectant la loi de proportionnalité – à savoir que chaque partie est égale au tout – l’expérience rappelle au spectateur qu’il est lui aussi un individu appartenant à un tout : l’humanité. Ainsi, cette structure, de par les principes énergétiques qui l’animent, se rapproche des édifices religieux et des critères relatifs à leur vocation vivifiante, c’est-à-dire à même d’augmenter le potentiel énergétique des sujets, ce qui nous semble devoir être l’ambition primordiale de toute approche architecturale digne de ce nom.
Ouverture poétique par Franck Piepers
« Le meilleur miroir ne reflète pas l’autre côté des choses »
Nous sommes il y a quelques centaines de milliers d’années, dans le berceau de l’humanité. Sous une lumière écrasante, Sapiens erre depuis de longues heures parmi ses semblables. Pour lui le temps n’existe pas, seule la soif rythme sa progression. Il se penche alors sur la première onde inerte s’offrant à lui.
Révolution
Tandis qu’il surplombe son reflet, la conscience le submerge et le noie dans la réalité cognitive. Quelle fut sa première émotion ?
Fascination
« Une rencontre n’est que le commencement d’une séparation »
Nous sommes au 21ème siècle, un slasher progresse sur les trottoirs de sa ville, les cristallins plongés dans le verre connecté. Tandis qu’il évolue dans sa bulle dé-conscientisé, Immersion s’élève face à lui.
Le cube miroir suspend le présent projeté sur l’adolescent.
Réflexion
Un sas s’entrouvre, la curiosité l’appelle, la boîte se referme,
l’obscurité le submerge, le silence opère.
Déconnexion
L’écho d’un néon annonciateur de photons s’amorce dans l’espace exigu. L’individu recouvre la vue, son « moi » projeté sur les 6 parois,
sa solitude à l’épicentre de la multitude.
Contemplation
Soudain, la projection cède à l’incompréhension. Les six acolytes s’éclipsent à la vitesse de la lumière, la révélation de l’infini quantique hypnotise. Perdu, l’acteur sait qu’il n’est plus. A défaut de pouvoir se chercher, il entre en quête de vérité.
Immersion